LA RÉPUBLIQUE ET LE COCHON

En mars 2012, François FIllon, alors Premier ministre, lance un pavé dans la mare en déclarant à propos des viandes halal et casher que les religions devraient "réfléchir au maintien de traditions qui n'ont plus grand-chose avec l'état aujourd'hui de la science, l'état de la technologie, les problèmes de santé. On est dans un pays moderne, poursuit-il, il y a des traditions ancestrales qui ne correspondent plus à grand-chose alors qu'elles correspondaient dans le passé à des problèmes d'hygiène. On pourrait y réfléchir". Le débat est lancé et les réactions ne se font pas attendre. La communauté musulmane s'inquiète. La communauté juive intervient. Le Bloc identitaire et des militants du Front national réagissent. Un animal ressort de ce débat: le cochon. Certaines préoccupations (re)surgissent: le respect des habitudes alimentaires de chacun selon sa religion, le respect des traditions, le droit à la laïcité. Le cochon se retrouve en première ligne. Considéré comme impur, il est exclu de l'alimentation des Juifs et des Musulmans. Il n'en demeure pas moins une des bases de l'alimentation des Français qui en consomment, en moyenne, 35 kilos par an et par ménage. Il fait partie des produits du terroir, est considéré comme un produit incontournable (comme en témoigne sa présence dans de très nombreux livres de cuisine d'une époque à l'autre) et apparait comme le symbole d'une identité nationale menacée. Viande casher, viande halal, abatages sont remis en question. Les hommes politiques prennent position, les citoyens réagissent. A travers cet essai, Pierre Birnbaum revient sur l'idée de la table partagée des Lumières à la IIIème République, en passant par la Révolution française et reprend de nombreuses questions soulevées au fil des temps comme le renoncement à des rites anciens pour participer à la convivialité démocratique etc...